La rentrée littéraire, c’est un phénomène purement commercial, qui ne sert qu’à noyer les libraires (et les lecteurs) dans une surabondance de livres. Au terme de cela sont décernés les fameux prix littéraires de novembre, à travers lesquels les mêmes auteurs se récompensent les uns les autres d’un jury à l’autre, prix qui détermineront les meilleures ventes à Noël. Je vous la fais vite : à Noël, le livre que je vais vendre le plus, je ne l’aurai pas lu.
Cela dit, j’en ai lu un paquet ces derniers mois, des livres. Certains étaient super, d’autres moins bien. J’ai lu Cher connard de Virginie Despentes, et j’ai lu Le livre des sœurs d’Amélie Nothomb, et c’est à peu près les deux seules exceptions que j’ai fait à ma règle, à savoir que j’essaie de lire des livres 1. qui me font vraiment envie, et 2. qui sortent du lot, qui passent sous les radars, et qui ont le potentiel devenir de véritables coups de cœur. Je cherche la perle rare pour les clients de la librairie (et pour moi-même bien sûr).
Du coup, l’idée aujourd’hui (comme en plus je n’ai pas posté depuis longtemps) c’est de vous parler de quatre livres de cette rentrée que j’ai adorés, et que vous n’avez probablement pas vu passer ! Sauf si bien sûr vous me suivez sur insta, auquel cas vous savez déjà tout.
Et en premier, je voulais bien sûr vous parler d’une de mes dernières lectures — qui me faisait d’ailleurs de l’œil depuis des mois — Le Feu du Milieu de Touhfat Mouhtare. L’intrigue se déroule aux Comores, à Istandra, à une époque ancienne. On y suit Gaillard, une jeune servante qui a une douzaine d’années lorsqu’elle rencontre Halima, la fille d’un riche propriétaire, qui tente de fuir un mariage arrangé. Cette rencontre va bouleverser sa vie. Halima va lui confier un mystérieux dé, et à partir de ce moment-là, les deux jeunes filles ne vont pas se voir pendant dix ans. Dix années pendant lesquelles Gaillard va subir une terrible mutilation, mais aussi se construire en tant que jeune femme indépendante. Lorsqu’elles se retrouvent, Halima est devenue la nouvelle épouse du maître de Gaillard, et cette dernière s’apprête à affronter son destin. Elle se découvre de mystérieux pouvoirs, en apprend sur elle-même et sur le monde…
Le Feu du Milieu est un superbe roman aux allures de conte des Mille et Une Nuits, qui explore de nombreuses légendes. C’est un livre comme je les aime, qui a su me transporter à travers le temps et l’espace. C’est un récit original, captivant, émouvant, et une superbe découverte en ce qui me concerne !
Le deuxième livre qui pour moi sait se démarquer dans le panorama de cette rentrée, c’est Les Reines d’Emanuelle Pirotte. Je dis ça, tout en étant pleinement consciente du fait que je suis passée à côté de certains pépites, mais là n’est pas la question. Les Reines, c’est un roman d’anticipation, qui se situe dans le futur, 500 ans après un événement appelé “la chute”, un terme en soi assez explicite. On s’imagine l’apocalypse, toute forme de technologie a disparu, les femmes ont (enfin) pris le pouvoir, et le monde est pour beaucoup revenu à la nature.
C’est dans ce contexte qu’on va suivre Milo et Faith, deux jeunes gens originaires d’une tribu de gypsies. A travers tout le livre, ils s’attirent et se repoussent, dans un spectacle digne d’une tragédie de la Grèce antique. On sent bien le terrible poids du destin qui pèse sur leurs épaules… On voyage beaucoup dans ce livre, on parcourt toute l’Europe, et on va croiser toute une galerie de personnages, allant des membres d’une troupe de théâtre itinérante, à Edda la despotique reine des Amazones du Danemark, en passant par Alba, la sybille qui vit sur une île éloignée du monde.
Les Reines se lit comme une véritable fresque historique, qui mêle Shakespeare à la tragédie antique. C’est un roman d’apprentissage, mais bien plus encore. C’est une histoire captivante, et pleine de rebondissements — j’en avais vu certains venir, d’autres pas du tout. Et oui, c’est un petit pavé, mais ça se lit tout seul ! C’est super bien écrit, avec beaucoup de justesse, et ça nous donne finalement une vision assez nuancée de l’humanité. Ce livre, je ne suis pas près de l’oublier !
Ensuite, un premier roman ! J’ai eu un gros coup de cœur pour le livre de Pénélope Rose Valse fauve. L’intrigue se déroule à l’aube d’un conflit qui n’est pas nommé (on s’imagine que c’est la deuxième guerre mondiale). On y suit Rose, une jeune femme de dix-neuf ans en quête de liberté, et qui rêve de tenir une ferme dans le Sud de la France… Mais bien sûr l’Histoire en a voulu autrement. Rose va tomber amoureuse d’un accordéoniste, l’épouser, et devenir par la même occasion la mère d’une petite fille de six ans. Lorsque ce dernier va prendre le maquis, elle ne souhaite qu’une chose : résister elle aussi. Mais elle ne va pas pouvoir le suivre.
Tout au long du roman, on va suivre une jeune femme qui fait de la résistance à sa manière, chaque jour, dans les petites choses du quotidien, et qui en même temps se révèle dans la maternité. C’est un très beau roman sur la relation entre une mère et sa fille à travers les épreuves. Ce livre nous parle de musique, nous parle de résistance, et de femmes qui vont ce qu’elles veulent. Il y a de jolis retournements de situation, qui sauront vous tenir en haleine jusqu’au bout. A découvrir de toute urgence !
Et le petit dernier de cette liste, c’est le nouveau livre d’Alice Zeniter, Toute une moitié du monde. Cette fois-ci ce n’est pas un roman, mais bien un essai féministe, à travers lequel elle aborde la place des femmes dans la littérature, à la fois en tant qu’autrices et en tant que personnages. Donc forcément selon mon radar, c’était un incontournable avant même de l’avoir lu. Et après lecture, je ne peux que vous le conseiller. C’est intéressant, c’est bien fait, mais c’est aussi bienveillant et drôle. La plume d’Alice Zeniter est excellente, et son propos est absolument nécessaire. Si vous hésitiez à le lire, vraiment, je ne peux que vous y encourager !
Et vous, que conseillez-vous parmi vos dernières lectures ?